J’ai pu interroger Oural, un jeune artiste de la région parisienne pour en savoir davantage sur sa personnalité et son parcours. Sa discographie est disponible sur l’ensemble des plateformes de streaming, mais avant ça, je vous invite à lire son interview très inspirante qui se trouve juste en dessous !
Salut Oural, pour commencer, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Oural, je suis l’auteur-interprète d’une musique qu’on pourrait qualifier d’alternative avec des reliefs rap, slam, et chanson. C’est dur d’entrer dans des cases, disons que je fais de la musique qui fait appel à l’imagination et aux émotions, avant tout ! J’ai sorti trois EP entre 2018 et 2020, et viens d’en sortir un quatrième fin 2021, Faim du tigre, en collaboration avec TAO et Son Of A Pitch à la musique.
Dans tes souvenirs, quel a été ton premier concert ?
Les premiers vrais concerts que j’ai faits, ce sont ceux de ma mère qui a toujours chanté dans une chorale en tant qu’amateur. Donc avec l’ambiance église et cérémonie, tu vois… Pas pour le côté religieux, mais pour le côté lyrique. Donc quand j’étais gamin, j’allais toujours voir ma mère dans cette petite église de campagne.
Qui est ton idole en termes de musique ?
Je n’ai pas d’idole, mais j’ai plein d’artistes qui me touchent. Il y a plein de choses que je reproche à nos générations et aux réseaux sociaux, mais s’il y a un truc que je reconnais, c’est qu’on a cassé, démystifié les idoles et ce n’est peut-être pas plus mal.
Pour ce qui est des artistes qui m’inspirent, ce sont plutôt des rappeurs, même s’ils ne sont pas les seuls à m’inspirer. Dans le rap, dans ceux qui me touchent et me marquent, je peux te citer plein de rappeurs alternatifs : Virus, Lucio Bukowski ou Sameer Ahmad qui nous a fait un des plus beaux albums de rap 2021. En ce moment, je bute sur un rappeur qui s’appelle B.B.Jacques aussi. Et sinon, en dehors du rap, j’adore The Dø, un groupe validé par Billie Eilish d’ailleurs.
Quand as-tu commencé la musique ? Y a-t-il eu une évolution ou as-tu directement commencé par le slam ?
J’ai commencé la musique il y a 7 ans. J’en faisais quand j’étais gosse, mais je m’y suis vraiment remis il y a 6/7 ans. J’ai fait un groupe avec des potes, on a beaucoup bossé puis on s’est dit qu’on pouvait faire ça plus sérieusement. Et j’avais envie de faire mes trucs. Ça a évolué de fou, du moins, là, j’en suis à mon quatrième EP et j’estime qu’il y a des choses bien différentes par rapport à mes débuts. Je n’ai jamais décidé de faire du slam, parce que pour moi je n’en fais pas. Certes, c’est plutôt du rap, mais tout comme les artistes qui me ressemblent, on n’aime pas forcément être définis comme ça. C’est vrai que je m’inscris du côté des rappeurs, parce que ma musique est écrite de manière rythmique. Mais là où je peux dire que j’ai évolué, c’est qu’avant je pensais être seulement dans le rap alors que maintenant, je pense vraiment être plus dans un style alternatif, dans un entre-deux. Le rap, c’est moins ce que je recherche à faire dans ma manière d’écrire.
Y a-t-il des thèmes qui reviennent régulièrement dans tes titres ?
Ouais, en tout cas, dans mon dernier EP. Je l’ai construit comme quelque chose d’assez homogène, donc il y a des points communs, des thèmes communs… J’aurais du mal à les définir simplement, mais comment dire ça… les thèmes qui reviennent beaucoup sur cet EP-là, c’est la quête, le positionnement de soi-même par rapport au monde. Comment se situer entre tout ce que le monde a à t’offrir de beau et tout ce que tu te prends dans la gueule de pas très beau. D’où le titre – La faim du tigre – qui est l’expression et le titre d’un livre de René Barjavel. Il y décrit la soif de vivre, avec rage, malgré toutes les merdes que tu te prends dans la gueule. D’où l’analogie avec le tigre. En fait, j’ai choisi ce titre après coup, parce que le thème de mes titres, c’est comment survivre tout en trouvant du beau dans ce qui nous entoure.
Parmi tes albums/EP, quel est celui dont tu es le plus fier ?
Clairement mon dernier. C’est ce que disent la plupart des artistes, c’est un peu cliché (rires). C’est ce qui te correspond le plus au moment présent, donc au-delà de l’artistique, même si artistiquement, c’est plus réussi, ça correspond à ce que je suis maintenant. Les autres, je les regarde différemment, ce sont des versions de moi du passé quelque part… Ce que j’ai fait maintenant correspond à ce que je suis maintenant, et j’en suis plus fier parce que j’ai enfin trouvé un équilibre, qui, moi me plaît, entre le sensible et l’intellect, là où avant ça manquait de sensibilité et de musicalité. J’estime avoir plutôt réussi cet équilibre sur ce dernier EP.
Quelles sont les autres activités pour lesquelles tu y mets du cœur ?
Pour moi, la musique, c’est d’abord les mots, c’est d’abord l’écriture, donc je mets du cœur dans l’écriture. Je me sers de l’écriture dans la musique, mais je me sers aussi de l’écriture pour d’autres activités non-professionnelles. Je suis auteur de théâtre, et auteur de jeux vidéo aussi…
Et puis je suis auteur tout court parce que je viens de finir mon premier roman. Je suis super content de me servir des mots différemment… Dans la musique, tu utilises l’écriture pour la rendre musicale, alors que dans le théâtre, tu l’utilises pour transmettre une émotion au travers des personnes qui vont interpréter ton texte. Donc ouais, je mets du cœur dans la transmission des mots.
Est-ce que tu as des projets pour les mois à venir ?
Je n’ai pas d’actu type concert. Je vais essayer d’en « rechopper » pour 2022. Je suis surtout en recherche pour la suite, mais j’ai enfin trouvé un style qui m’intéresse, donc j’ai envie de pousser, de faire des collaborations avec d’autres artistes. Je me dis que j’ai encore des choses à explorer. J’ai encore un clip qui va sortir pour boucler cet EP…
Mais c’est vrai que pour ce qui est des concerts, il y a eu des complications ces dernières années à cause du COVID. D’ailleurs, mon dernier EP, il est quand même très imbibé de tout ce qu’on a vécu pendant le confinement : l’isolement, le questionnement, la solitude… J’ai beaucoup écrit pendant le confinement, pour ma pièce, pour mon bouquin, et même pour la musique. Il y a des morceaux qui ne devaient pas être sur l’EP, mais que j’ai finalement sortis parce qu’ils y allaient bien. Il y avait deux titres sur lesquels je me suis appuyé, parce que, ce que le confinement a provoqué entre autres, c’est un besoin artistique. En tout cas, moi j’ai ressenti ce besoin de sortir quelque chose d’artistique.
Est-ce que tu dirais que ta musique est technique ?
Humm non… Je travaille ma technique, mais ce n’est pas ma spécialité… J’apprends la technique pour être bon et avancer, mais ma force n’est pas là. Elle est dans l’écriture, la musique, et c’est pour ça que je ne dis pas que je fais du rap.
Qu’est-ce que pensent tes parents de toi et Oural ?
Mes parents ne se reconnaissent pas forcément dans ce que je fais, mais ils me soutiennent.
Ils connaissent tes musiques par cœur ?
(rires) Ils ne connaissent pas mes musiques par cœur, mais ils me suivent de près et me font souvent des retours quand je publie quelque chose. Il y a de la pudeur. On se fou à poil dans nos musiques, donc ils soutiennent, mais il y a de la pudeur parce qu’au travers de mes musiques, ils me voient sous un autre angle.
Comment ça se passe pendant les repas de famille ?
Je ne ramène pas trop ma musique dans la sphère familiale et c’est le cas de nombreux artistes. Tes pires ennemis quand tu es artiste, c’est ta famille et tes proches dans une certaine mesure… Les gens ne sont pas malveillants, mais pour eux t’es pas un artiste, ils ne te prennent pas assez au sérieux. Je vais avoir du soutien de la part de mes proches, mais ce n’est pas avec eux que je vais faire découvrir mes maquettes, que je vais écouter mes morceaux etc… c’est souvent ça. Il y en a pour qui créer des choses, c’est comme un loisir du week-end, ils ne voient pas ça comme un vrai travail. Alors que même si on ne gagne pas de l’argent grâce à ça, on peut être très impliqué dedans.
Et le regard des autres, comment tu le vis ?
Le regard des autres, il est dur quand c’est celui des proches. Tu te dis qu’ils vont te soutenir parce qu’ils comprennent ce que tu fais, alors qu’ils te soutiennent parce qu’ils sont tes proches. Au début, j’envoyais ma musique à mes proches et j’avais de mauvais retours. Mais après une discussion avec un ami, on s’est rendu compte que c’est surtout parce qu’ils n’écoutaient aucun des artistes qui moi me parlent. Donc maintenant, je m’en remets à des proches qui écoutent les mêmes musiques que moi.
Un petit mot pour la fin, une petite dédicace ?
Il faut savoir que derrière un EP, il y a toujours plusieurs personnes. Pour mon dernier EP, j’ai travaillé avec un beatmaker, qui s’appelle TAO, qui a fait toutes les instrus et avec un arrangeur (ingé-son) qui s’appelle S.O.A.P. (Son Of A Pitch) et qui bosse avec plein d’autres artistes. Il a repris les instrus de Tao pour qu’on les adapte à ma musique. Je me nourris des autres artistes et on travaille ensemble pour que le projet soit encore mieux, je trouve ça vachement plus intéressant. Je marche mieux à deux !
Oural vient de sortir son nouveau clip Arme Blanche en featuring avec Shirley Soa ce 19 février ! À découvrir juste en dessous :